Son nom lui vient du serpent Python, qui nichait là auparavant.
Selon la légende, Apollon aurait tué le monstrueux serpent, gardien de l’antre de la déesse Gaia, et aurait chassé celle-ci du sanctuaire pour s’y installer avec Dionysos, dieu du vin, de la fécondité et de la végétation. C’est au milieu du IIe siècle av. J.-C. que Delphes devient alors un sanctuaire où les Grecs célébraient le culte d’Apollon.
Les prêtres delphiques y développaient un rituel élaboré, autour d’une prêtresse principale appelée « Pythie ».
La Pythie était une femme d’une cinquantaine d’années qui, dès qu’elle entrait au service du dieu, abandonnait mari et enfants. Elle était vêtue de blanc, malgré son âge, et sa vie était régie par certaines règles sacrées.
Pour procéder au choix d’une Pythie, certaines conditions étaient de rigueur: la prétendante devait être issue d’une famille honnête et respectable et devait avoir mené une vie irréprochable.
A l’origine, il y avait une seule Pythie mais, devant l’accroissement de popularité de l’oracle et du nombre de ses consultants, il y en eut ensuite trois.
Au début, les oracles n’étaient rendus qu’une fois par an, le septième jour du mois de Bysios (février-mars), vraisemblablement lors d’une célébration commémorant l’anniversaire d’Apollon.
A partir du VIème siècle avant J.-C., comme les consultants devenaient de plus en plus nombreux, l’oracle fonctionna le septième jour de chaque mois.
La Pythie de Delphes : Déroulement de l’Oracle
Celui qui venait consulter devait d’abord payer une taxe, appelée le pélanos, puis devait amener des animaux pour les sacrifices et le banquet sacré. Suivait alors un processus de tirage au sort pour déterminer l’ordre de passage.
Le matin du jour où elle devait prophétiser, la Pythie se rendait dès l’aurore à la source Castalie pour s’y purifier ; elle buvait alors de l’eau de source sacrée et mâchait des feuilles de laurier.
Après s’être également purifiés, un prophète et plusieurs prêtres, devaient conduire la Pythie en procession jusqu’au temple d’Apollon, où se trouvait le trépied sacré, soit le trône d’Apollon. La Pythie s’asseyait dessus, prenant ainsi la place du dieu.
Le consultant, à son tour, était amené en procession et placé à un endroit d’où il ne voyait pas la Pythie, séparée de lui par une tenture.
Entre-temps, les prêtres avaient préparé la victime sacrificielle et allumé le feu sur le grand autel.
Les délégués des cités et les particuliers se réunissaient, dans une atmosphère de recueillement et de vénération, à l’extérieur du temple, et attendaient leur tour. Les Delphiens passaient toujours les premiers. Suivaient les représentants des cités, qui avaient le droit de promantie – c’est-à-dire, celui de passer en premier lors de la divination -, et enfin les autres, dans l’ordre déterminé par le tirage au sort.
Les consultants formulaient leur demande oralement ou par écrit à l’un des prophètes, qui en donnait lecture à la Pythie.
Celle-ci, invisible de tous, hypnotisée par la mastication des feuilles de laurier, l’encens et les effluves de souffre de la faille, répondait à l’aide de mots inarticulés et de cris incompréhensibles. L’interprétation des paroles de la Pythie était alors transcrite en vers par le prophète, et c’est cette réponse écrite que le consultant emportait avec lui.
La plupart du temps, c’était une réponse obscure et ambiguë, que les fidèles interprétaient à leur convenance.
Et c’est seulement lorsque le sort venait les contredire qu’ils comprenaient le vrai sens de la prophétie. Influence de la Pythie
Les hommes politiques grecs ont souvent eu recours à la Pythie pour confirmer leurs décisions. L’influence du temple de Delphes a été primordiale dans les arbitrages politiques.
La Pythie connut son apogée entre 700 et 400 av. J.-C.
Ensuite pillé par les Romains lors de la conquête de la Grèce, le temple connut un court renouveau de prospérité durant les règnes de Domitien et d’Hadrien.
Mais finalement, l’activité de la Pythie et celle du temple cessèrent vers la fin du IVe siècle apr. J.-C., sans doute du fait de l’expansion du christianisme.